Jean-Louis Mongin

par Thierry Cordonnier

Je me souviens de Jean-Louis Mongin

Au cours des années 1970 et début 80, accéder en France à la musique country américaine ou plus simplement au rock ’n’ roll d’origine était un vrai parcours du combattant. Les bacs de disquaires de ces styles étaient soit vides soit pire : inexistants. Pour les grands fanas de Johnny Cash, Merle Haggard, Waylon Jennings, Buck Owens, Hank Williams, Georges Jones, Watson (les deux, Doc & Gene), des pionniers du rock’ n’ roll et des Everly Brothers, en attendant l’arrivée des radios libres, c’était la punition maximale. Quelques rares artistes américains ont pu ponctuellement franchir ce mur franchouillard infranchissable, par exemple Emmylou Harris, Dolly Parton et Willie Nelson mais de justesse.
Autant dire que, du coté des musiciens français, à cette époque les deux styles évoqués qui deviennent trois si on y adjoint le bluegrass, n’attiraient que des très rares passionnés de ces genres. Passionnés, ils l’étaient, musicaux ils l’étaient, ils connaissaient profondément cette musique qui faisait partie d’eux mêmes, et ils la partageaient avec nous. Je pense en particulier à trois musiciens. Le premier Jean Louis Mongin, le second Christian Séguret et le troisième Eric Kristy. Chacun ayant autour de lui sa bande de copains musiciens, fabuleux et complices…

La disparition de Jean-Louis, en novembre 2019, m’a beaucoup affecté parce que dès début 1980 j’ai suivi de près son activité grâce aux concerts réguliers qu’il faisait avec le Wolfpack son très sympathique groupe de country rock. En plus de Jean-Louis, Wolfpack comprenait Henri Serré (basse) Dany Vrillet (fiddle) et Gilbert Einaudi (batterie).

Concert après concert, je suis devenu fan de ce groupe. Jean-Louis avait une voix éraillée, très émouvante, et on sentait qu’il vivait les paroles de ses chansons. Vous aurez peut-être du mal à me croire mais, pour moi, Jean-Louis chantait beaucoup mieux The River que ne le faisait Bruce Springsteen lui-même. J’écoute encore sa version que j’avais enregistrée à l’Auberge de la Chapelle en 1984, et elle m’émeut toujours autant quarante ans après… En plus des standards d’Eddie Cochran, à sa propre sauce, et des plus belles chansons country, Jean-Louis nous jouait très souvent de la musique cajun ce qui permettait à Danny de nous faire de superbes interventions au fiddle. C’était beau

Le groupe s’est même consacré à des soirées Beatles très percutantes, qui donnaient à Henri l’occasion de participer encore plus activement à la partie vocale. Leur cohésion, leur complicité et même leur humour étaient alors en pleine puissance. Que de belles soirées…
Mais Jean-Louis était très humble, il parlait rarement de ses nombreuses réalisations et grâce à Gibert Rouit, qui l’a mieux connu que moi et sur une période bien plus longue, j’ai pu “remonter” un historique musical dont il pouvait être fier. Je terminerai avec ces mots sincèrement émus “Bye bye Jean-Louis, you will be missed”.
© Thierry Cordonnier (alias Terry Shoemaker) Août 2025

Photos : Merci à Jean-Louis Thierry, Alain & Anne Fournier, Gilbert Rouit, Jean-Louis Rancurel, Marsel Bossard

NB : ce portrait d’un musicien majeur de notre mémoire musicale sera bientôt suivi d’autres évocations de la richesse de notre passé proche.

2 réflexions sur « Jean-Louis Mongin »

  1. Cher Jacques, merci merci merci, déjà partagé sur nos réseaux, nous attendons la suite avec impatience.

    Jean Louis a lonesome Cowboy en Ile de France

    Belle journée,

    Amitié,

    Gilbert Rouit 06 72 43 73 74

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