Carolina Coyote raconte…

par Liane Edwards
La Caroline me manque. Je n’ai pas souvent foulé la terre rouge de Midland depuis les deux dernières années. Donc, pour marquer le coup de ce nouveau format, je voudrais profiter de cette édition pour m’égarer de la Caroline. Si cela ne vous dérange pas. Je n’ai pas fini de vous parler de la vie et l’histoire de ma belle Caroline. Au retour d’un prochain voyage j’aurai de nouveau des scènes et des lieux à vous dépeindre. En attendant, j’avais envie de vous raconter des anecdotes sur la musique, les tournées, les musiciens… Pas les miens, quoique ça pourrait être amusant aussi, mais sur des grands artistes que vous connaissez, ou que vous pouvez découvrir. Certaines de ces histoires sont peut-être connues d’un grand nombre, mais elles méritent d’être racontées de nouveau pour ceux qui ne les connaissent pas encore.

Bannis des ondes
En 1975, Loretta Lynn a sorti une chanson qui s’appelait « The Pill”. Elle évoquait une femme qui se sentait libérée par la prise de la pilule contraceptive. Les radios country partout aux Etats-Unis ont banni la chanson. Loretta Lynn s’est mariée très jeune (13 ou 15 ans, la vérité lui appartient…) et ne connaissait rien sur le mariage, le sexe et les conséquences. Elle a eu quatre enfants dans les premiers cinq ans de mariage, et par la suite n’a jamais hésité à dire que si la pilule avait existé à l’époque, elle aurait fait d’autres choix. Loretta Lynn ne se dit pas du tout féministe, mais ses chansons ont souvent parlé de la condition de la femme. Cela lui a valu quatorze chansons bannies des radios en tout !

Elvis Presley a fait une magnifique version de “White Christmas” en 1957, mais certaines radios n’ont pas voulu la diffuser ! KEX, une radio à Portland dans l’Oregon a refusé de passer la chanson car les responsables estimaient que les mouvements giratoire et provocateurs des hanches de ce monsieur étaient une menace aux mœurs du pays ! Un de leurs disc-jockeys a osé enfreindre la règle et il a été viré. (NB : la chanson “White Christmas” a été écrit par Irving Berlin, qui vivait… en Arizona !).

Muse
Le nom de Pattie Boyd, mannequin dans les années 60, ne vous dit peut-être rien. Mais cette femme a inspiré trois des plus belles ballades des années 70 : “Something” de George Harrison, “Layla” et “Wonderful Tonight” d’Eric Clapton. Qui est donc cette femme qui inspira les plus grands à faire des chansons qui font chavirer les cœurs des auditeurs ? Elle était mariée à George Harrison quand Clapton et Harrison ont débuté une collaboration musicale. Clapton est devenu quelque peu le confident de Boyd quand elle faisait face aux difficultés dans le mariage et Clapton est tombé amoureux d’elle. Il écrit “Layla” pour elle, basée sur une histoire Perse d’un amour inavouable et finit par partir en exil pour l’oublier et essayer de régler ses problèmes d’addiction. Sa fuite a pris fin au bout de trois ans et il a déclaré son amour au grand jour pour la femme de son ami. On raconte l’épisode d’un duel de guitares organisé par les deux musiciens, pour se battre pour elle. Ceux qui ont été présents ont raconté que l’ambiance était électrique et que les spectateurs n’osaient pas applaudir ou parler lors de la scène. Quelques mois plus tard, elle a quitté Harrison pour se marier avec Clapton. Clapton et Harrison ont continué à être amis, Harrison appelait même Clapton son “beau-mari” (husband-in-law). La relation du couple était tumultueuse et a fini en divorce. Boyd a avoué plus tard qu’elle soupçonnait que Clapton la voulait seulement parce qu’elle était à Harrison. Quoiqu’il arrive, ce triangle amoureux a été l’inspiration de nombreuses chansons (Bell Bottom Blues, The Shape You’re in, I Need You, For You Blue) et Boyd est considérée comme une des plus grandes muses de l’histoire de rock.

Déboires de la scène
Lors d’un concert à Vancouver du groupe mythique Led Zeppelin, leur manager a cru apercevoir quelqu’un qui enregistrait le concert du premier rang. Les “bootlegs”, ou des enregistrements officieux (souvent live) faisaient rage dans les années 60. Mais ce manque à gagner ne plaisait pas aux artistes ni aux productions. La qualité était souvent moindre, et les visuels sans intérêts. Mais les fans se les arrachaient, ce qui se comprend. Donc, le manager des Zeppelin a décidé d’agir. Il lui a arraché le micro des mains et lui a foutu une rouste. En fait, le “bootlegger” était un agent de la santé canadien qui vérifiait le niveau de décibels dans le stade. Le monsieur a porté plainte, mais l’a retirée par la suite. Oops !

En 1981, Black Sabbath tournait avec des accessoires et des décorations de scène élaborés, suivant les traces d’Alice Cooper qui a toujours été connu pour ses shows spectaculaires. Un des accessoires de cette tournée était une main géante sur ressort, censée lancer de la viande crue sur le public des premiers rangs. Les roadies ont passé la journée à faire des essais. À force de faire des “essais”, le ressort n’avait plus sa force d’origine et lorsque le moment est venu pendant le concert pour la main de rentrer en action, Ozzy Osbourne a reçu plusieurs kilos de viande à l’arrière de la tête.

Le groupe Jefferson Starship a fait une tournée en Europe en 1978, mais lors de la première soirée de la tournée à Hamburg, Grace Slick, la chanteuse du groupe mythique, a refusé de monter sur scène, prétextant un mal de ventre. Le concert a été repoussé au lendemain. Le lendemain avant le spectacle, Slick a vidé le minibar de sa chambre d’hôtel et ses collègues ont été obligés de la dissuader de porter un uniforme nazi sur scène. Ensuite elle a passé le concert à tripoter le guitariste du groupe et à invectiver les spectateurs, se moquant d’eux car ils avaient perdu la guerre. Afin d’insulter les Allemands venus nombreux pour les applaudir, elle a imité la marche hitlérienne et a salué la foule en criant “Heil Hitler” ! Par la suite, elle a sauté dans le public et a enfoncé son doigt dans le nez d’un spectateur. Slick a dit plus tard que c’était une réponse aux camps de concentration de la deuxième guerre mondiale. Elle a aussi dit qu’elle avait le vin mauvais et que le groupe aurait dû la virer, pour le bien de tous.

BOBBY BARE, Dualtone Records, Photograph by Alan Messer 2005 [www.alanmesser.com], sheet:36952#29a-30, 343 negscan

Quelques citations
Bobby Bare, un artiste/ auteur-compositeur country, a eu quelques tubes, et en a surtout écrit pour d’autres. Lors de ces débuts sur scène dans les années 50, il aimait bien ajouter une bonne touche de rock à son show. Quelqu’un, qu’il a refusé de citer, lui a dit alors : “Fiston, il faut comprendre la différence entre la country et ce truc… le rock’n roll. Dans la musique country, nous voulons faire mouiller les yeux…pas les petites culottes.”
Trisha Yearwood : “Si vous pensez que la musique country c’est toujours de grosses chevelures et de la poudre bleue électrique sur les yeux, vous n’avez probablement pas écouté de la country depuis 20 ans et vous pensez surement qu’Elton John porte toujours des chaussures à plateforme.”
Dierks Bentley : “La musique country a toujours été la meilleure psychanalyse possible pour seulement 15 dollars.”
Hank Williams Jr. : “Parfois vous ne vous rendez pas compte de la véracité des chansons country jusqu’à ce que vous soyez en plein milieu d’une.”
Barry White : “Il y a des gens qui font des bébés en écoutant ma musique. C’est sympa.”

Où est mon violon (le plus cher du monde) ?
Il y a des histoires sur des Stradivarius… perdus, volés, trouvés dans une poubelle, jamais retrouvés. En voici deux qui sont les plus rocambolesques à mon avis.

Un stradivarius du nom du Duc d’Alcantara appartenait à l’Université de Californie Los Angeles (UCLA) et l’université prêtait le violon aux musiciens de l’orchestre universitaire. Un musicien (deuxième violon) a emprunté le stradivarius pour une répétition qui avait lieu à Hollywood en août 1967. Après la répétition, il s’est arrêté pour faire quelques emplettes et pour manger dans un restaurant. De retour à sa voiture, qui n’était pas fermée à clé, l’instrument n’y était plus. Le musicien a été incapable de dire s’il avait vraiment mis le violon dans la voiture après la répétition, ou s’il l’avait oublié sur le toit de sa voiture. La valise était double, contenant un deuxième violon italien d’Alsondo Poggi de moindre valeur. Le violon a manqué à l’appel pendant 27 ans. Un jour il a refait surface dans un atelier de réparation, ou les ouvriers ont immédiatement reconnu la qualité de l’instrument et ont lancé des recherches. Ils ont trouvé la référence du chef d’œuvre et l’avis de recherche lancé depuis 1967. Ils ont ensuite contacté les autorités qui ont informé l’université. Les gérants de l’atelier se sont vus obligés de rendre le violon au propriétaire actuel, mais la machine juridique s’est mise en branle. La propriétaire a raconté que la tante de son ex-mari a vu la valise sur le côté de la route d’une bretelle d’autoroute à Los Angeles. Pensant que c’était peut-être un bébé abandonné (!), elle s’est arrêtée et a récupéré les violons. Ils sont restés dans un placard pendant des années, mis en héritage, puis ils ont été partagés lors d’un divorce. La famille a refusé de les rendre. Au bout d’une bataille juridique qui a duré sept mois, l’Université a enfin récupéré le Stradivarius perdu. Apparemment, ils n’ont jamais pu récupérer le Poggi. Quand l’histoire de son retour a été médiatisée, le musicien irresponsable a déclaré être “soulagé”…

Bronislow Huberman, virtuose polonais a vu son Stradivarius disparaître, deux fois ! La première fois en 1919, il a récupéré l’instrument quelques jours plus tard. Ce n’était pas le cas en 1936 lorsqu’il a été dérobé dans sa loge à Carnegie Hall. Huberman est mort sans savoir ce qui est advenu de son violon. En 1985, Julien Altman, un ex-taulard et violoniste à son temps perdu était sur son lit de mort. Il a fait venir sa femme et lui a raconté que son violon chéri était en fait un Stradivarius. Dans la valise, il avait gardé les articles des journaux sur le vol. Il a avoué avoir distrait le gardien avec un cigare de bonne qualité et avoir sorti le violon sous son manteau. Il ne voulait pas le revendre, il voulait le jouer. Après la mort de son mari, Madame Hall s’est rendue à la police. Les assureurs, Lloyds de Londres, l’ont cru quand elle a dit qu’elle n’était pas au courant et lui ont même versé 263,475 dollars pour l’avoir rendu. Les amis de Julien ont avoué qu’il avait souvent raconté que son violon était un Stradivarius, et ses amis lui avaient tous ri au nez.

L’inspiration et ses origines
L’album “Green River” de Creedence Clearwater Revival, sortie en 1969, contenait une belle chanson de John Folgerty intitulée “Lodi”. Elle parle d’un musicien qui rêve du succès mais qui finit comme un chanteur dans un bar miteux dans un patelin perdu nommé Lodi. Il aimerait partir, mais il se sent coincé. J’ai toujours aimé cette chanson, surtout la version d’Emmylou Harris sur son album “Live at the Ryman”. Donc, la question est de savoir si Folgerty a réellement était coincé à Lodi (ou ailleurs) un jour. En fait, il a grandi pas loin de Lodi, en Californie, mais le groupe n’y a jamais joué. Ils ont joué tout autour, et pour Stu Cook, ami et musicien de Creedence, la ville semblait morte. Rien ne se passait, et rien n’allait changer. Cook a dit qu’il pensait que Lodi était plutôt un état d’esprit qu’un lieu géographique.

Hank Snow a sorti l’album “I’ve Been Everywhere” en 1963, avec une jolie jaquette aux couleurs vives comme on aimait les faire à l’époque. La chanson du même titre a eu un certain succès à la radio et aux émissions live de l’époque. Elle raconte l’histoire d’un stoppeur qui cite les villes qu’il a vu lors de ses périples, citant 91 villes en tout dans un style mitraillette. Mais Hank Snow a-t-il vraiment visité toutes ces villes ? Ce n’est pas impossible, car il a tourné pendant plus de 60 ans et a donné des milliers de concerts. Mais, il n’a pas écrit cette chanson. La version originale était d’un artiste australien, Geoff “Tangletongue” Mack et les villes citées étaient australiennes. Il dit qu’il a écrit la chanson un soir lors d’un épisode aigû de “reflux acide”. Pour se distraire, il a sorti une carte… et a écrit cette chanson qui a été enregistrée par plusieurs artistes, dont Johnny Cash.

J’espère que ces anecdotes, faits historiques et citations vous ont plu. En attendant mon prochain voyage en Caroline, je vous souhaite de découvrir pleines de bonnes chansons et d’artistes, et surtout de soutenir les groupes et les lieux qui les font jouer. Vive la musique live ! © (Liane Edwards)

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